Maplab

Cas d'usage : Comment décarboner sa flotte automobile ?

Juliette & Yvan
|
21/6/2023

Décarboner les déplacements professionnels

Vous n’imaginez sûrement pas tous les kilomètres que parcourent un technicien itinérant au cours de sa journée ! 🚗👨‍🔧

Au vu des nouvelles mesures gouvernementales (Zones à Faibles Emissions (ZFE) et scope 3), sa manière de parcourir tous ces kilomètres sera probablement impactée… 2024 marquera, pour les véhicules diesel, l’interdiction de circuler dans la ZFE de la métropole du Grand Paris. En effet, les véhicules notés Crit’Air 2 n’y seront plus acceptés. Il est donc nécessaire d’envisager des alternatives à ces modes de transport de manière à respecter la législation.

Nous nous sommes posés ces questions : Comment diminuer le bilan carbone d’un technicien qui effectue de nombreux déplacements professionnels? Quelles solutions sont adaptées à la pratique de son activité? Quels bénéfices et inconvénients sont associés aux changements de mode de transport ?

Pour y répondre, nous prenons l’exemple d’un fournisseur d’accès à Internet qui emploie 50 techniciens itinérants que l’on peut répartir en 3 groupes : une vingtaine exercent à Paris-même, une quinzaine en zone périurbaine et une quinzaine en zone quasi-rurale. On considère donc 3 persona :

La problématique de l’employeur/responsable mobilité est la suivante : Ils se déplacent tous en VUL thermiques fonctionnant au Diesel. Ils opèrent sur 10 sites d’intervention chaque jour et les trajets sont déjà optimisés pour effectuer la distance la plus courte. Comment améliorer le bilan carbone de la société?

Voici 3 itinéraires types qui serviront de référence pour l’analyse :




À l'aide de notre plateforme Maplab, il est maintenant possible de quantifier les impacts des déplacements professionnels.

Situation initiale : VUL Diesel.

Les résultats sont résumés dans le tableau ci-dessous

*Dont 20 sont du type de Fabrice, 15 du type de Fabienne et 15 du type de Nicolas.
  1. Sources émissions CO2 : Ademe / Carbone 4
  2. L’estimation du coût des moyens de transport est basé sur des véhicules en leasing, assurance et entretien inclus. Le coût comprend donc des loyers mensuels, en plus des frais kilométriques estimés à partir des valeurs suivantes :
  1. Dans les calculs, n’est pas pris en compte le temps nécessaire pour se garer, ce qui peut encore augmenter la durée des trajets. Aujourd’hui on estime que :

(Source : Sareco)

En revanche, les temps de congestion sont considérés.

L’objectif de la Stratégie nationale bas-carbone concernant les transports est de réduire de 28% les émissions de GES entre 2015 et 2030 et de décarboner complètement le secteur d’ici 2050.

Étant donné que l'activité de l'entreprise nécessite de nombreux déplacements, il est important de mettre l'accent sur cette dimension pour aligner ses pratiques avec les objectifs de la stratégie nationale.

De plus, les coûts liés aux 50 véhicules loués par la société s’élèvent à 371 025€ : c’est l’équivalent de près de 18 personnes embauchées au SMIC (brut).

Pour ces deux raisons, l’employeur a intérêt à envisager d’autres modes de transport. Dans tous les cas, l'instauration des Zones à Faibles Émissions (ZFE) en métropole rend le changement obligatoire !

L’employeur pourrait d’abord penser à transiter toute la flotte de véhicules thermiques en véhicules électriques.

Scénario 1 : Passage au VUL électrique

Voyons les variations générées par le passage au VUL électrique pour tous les collaborateurs de l’entreprise à l’aide de l’outil Maplab.

A noter : Les informations entre parenthèses représentent la variation entre les VUL Diesel, situation initiale, et les VUL électriques.

L’estimation du coût des moyens de transport est basé sur des véhicules en leasing, assurance et entretien inclus. Le coût comprend donc des loyers mensuels, en plus des frais kilométriques estimés à partir des valeurs suivantes :

- Consommation du véhicule électrique : 22,7 kWh /100 km (Source : PEUGEOT PARTNER : le fourgon utilitaire pour les professionnels)

- Prix de l’électricité : 0,2062 € /kWh (Source : Prix Électricité 2023 : tarifs du kWh et évolutions en France (kelwatt.fr))

- Nombre de jours travaillés / an : 220 (Source : Insee)

L'utilisation de VUL électriques offre clairement des avantages en termes d'émissions carbone pour l'entreprise : elle implique une réduction des émissions de CO2 de 255 tonnes. Cependant, elle entraîne une augmentation des dépenses : plus de 30 000€ supplémentaires à l’année.

Notons que cette transition peut impliquer des coûts supplémentaires, tel que l'équipement des véhicules dont le technicien a besoin pour travailler au domicile des clients.

Pour rappel, la société dispose de véhicules en location longue durée, l’hypothèse est donc prudente. Si elle devait racheter toute une flotte de véhicules le coût d’achat s’avèrerait très élevé donc c’est une idée plus difficilement envisageable. Peut-être faudrait-il qu’elle ne se procure pas toute une nouvelle flotte d’un seul coup.

On peut également envisager un autre scenario où l’on attribue le mode de transport en fonction de la zone géographique dans laquelle le technicien effectue ses interventions.

Scénario 2 : Une mobilité adaptée à la situation géographique

La plupart du temps, les interventions des techniciens sont plutôt légères, ils n’ont pas besoin de transporter beaucoup de matériel. Ainsi, les techniciens de Paris pourraient basculer vers le vélo cargo électrique. Cela leur permettrait de se déplacer plus aisément en évitant la congestion. Pour des jours où les travaux demandent de déplacer davantage de marchandises, ils peuvent occasionnellement utiliser un VUL électrique.

En revanche, le technicien de la première couronne parcourt des distances trop importantes pour utiliser le vélo. Cependant, comme il se trouve en Zone à Faibles Emissions (ZFE), il devra utiliser un VUL électrique.

Quant au technicien basé à Fontainebleau, il ne se situe pas dans une ZFE donc il n’est pas obligé de changer de mode de transport. De plus, si jamais il n’a pas de bornes de recharge à son domicile, l’usage de véhicules électriques n’est pas facilité parce qu’il existe peu de bornes de recharge à proximité. La borne de recharge la plus proche se trouve à 45 minutes à pied de son domicile.

Carte isochrone : zone accessible à 45 minutes à pied depuis le domicile du technicien.

Dans cette situation, un véhicule thermique reste la solution la plus appropriée. Néanmoins, il pourrait pratiquer l'écoconduite. Il est estimé qu’en roulant 10 km/h plus lentement cette habitude permet de réduire de 15% des coûts de conduite et de diminuer de 12,5% des émissions de CO2 (Source : Bison futé).

Ces changements nous ont permis d’établir le tableau suivant :

A noter : Les informations entre parenthèses représentent la variation entre les VUL Diesel, situation initiale, et le nouveau mode de transport.

L’estimation du coût des moyens de transport est basé sur des véhicules en leasing, assurance et entretien inclus. Le coût comprend donc des loyers mensuels, en plus des frais kilométriques estimés à partir des valeurs suivantes :

- Consommation du vélo cargo électrique : 1 kWh /100 km (Source : Tandem)

- Prix de l’électricité : 0,2062 € /kWh (Source : Kelwatt)

- Nombre de jours travaillés / an : 220 (Source : Insee)

Les bénéfices engendrés par le changement du VUL thermique au vélo cargo électrique pour le technicien de Paris sont remarquables : la société gagne 69 780€ (passage de 5 713€ /an à 2 224€/an pour 20 collaborateurs à Paris). L’investissement est profitable en termes de dépenses, d’émissions CO2 et de temps de transport. La réduction du temps peut avoir des effets positifs tant sur la qualité de vie des collaborateurs, avec plus de temps pour réaliser chaque mission, que sur la rentabilité de l'entreprise, en augmentant le nombre de visites quotidiennes effectuées par les techniciens.

Les 15 techniciens qui travaillent en ZFE respectent les normes environnementales en vigueur tout en réduisant drastiquement leur empreinte carbone (98 tonnes évitées chaque année en utilisant un véhicule électrique).

Quant aux techniciens qui circulent dans une zone quasi-rurale (sans ZFE), ils adoptent une conduite plus respectueuse de l’environnement et plus économe en réduisant leur vitesse de conduite.

A l’issue de cette étude de cas, on peut donc remarquer les bénéfices d’un report modal des techniciens à travers le coût, l’empreinte carbone et le temps passé dans les transports.

Il n’en demeure pas moins que nous avons utilisé des solutions qu’on pourrait qualifiées de “classiques” et qu’il serait possible d’utiliser des modes de transport intermédiaires tel qu’un quadricycle (Extrêmes défis - Ademe) ou d’autres méthodes tel que le rétrofit.

En conclusion, cette étude a montré qu’il n’existe pas de solution unique pour réussir la transition écologique. Le passage vers l’électrique n’est pas la stratégie optimale, l’optimum se trouve dans une réflexion approfondie sur les usages, le contexte local et les objectifs.

Dans cette optique, ce n’est plus le mode de transport qui dicte la mobilité, mais bien la mobilité qui détermine le mode de transport à utiliser.